Christophe Arnaud sur la route de la soieVoyageur et photographe, Christophe Arnaud a la passion du voyage au long cours. En 2005, il se lance dans un périple de 5 mois à moto avec sa Suzuki 800 DR. Un parcours de 25500 kilomètres à travers 9 pays  sur les traces de la route de la soie : Italie, Grèce, Turquie, Iran, Turkménistan, Ouzbékistan, Kazakhstan, Kirghizstan et Chine. Comment est né ton projet de voyage ? L’évocation de la route de la Soie m’a toujours fait rêver, la parcourir à moto semblait incontournable, et puis à force d’y penser, petit à petit, les pièces du puzzle se sont mises en place, j’ai commencé à entrevoir la possibilité de faire un break au niveau professionnel, l’organisation pour s’absenter cinq mois a pris forme et la machine était lancée… Après un premier voyage au long cours à moto de France jusqu’au Yémen il y a déjà maintenant plus de dix ans, l’envie de repartir ne m’avait pas lâchée, l’occasion était trop belle de reprendre la route ! Comment as tu préparé ton voyage ?

Je crois qu’entre la première idée et le départ, il a du s’écouler un peu plus d’un an, les 6 derniers mois ont été particulièrement actifs, formalités administratives, visas et préparation de la moto. Vu le nombre de pays traversés, il est nécessaire d’accorder un peu de temps à la partie visas afin de na pas perdre trop de temps par la suite. Après, la préparation s’est faite sur cartes papier pour l’itinéraire, via internet sur les forums, mais aussi classiquement avec des guides papiers. C’est une chance de pouvoir disposer d’autant de sources d’informations car on peut les croiser pour affiner la préparation.

Comment as tu accueilli sur place ? Globalement très bien, sur un voyage de cette durée on multiplie les expériences au fil des jours, en Turquie par exemple c’est une tasse de thé offerte autour de laquelle on échange quelques mots, c’est aussi particulièrement vrai en Iran où je me souviens de l’accueil touchant d’un famille Iranienne, quelques cerises offertes au hasard d’un file d’attente dans une station service et c’est une invitation à partager un repas et un toit pour la nuit, c’était vraiment touchant et d’une sincérité absolue. On rencontre aussi de l’indifférence mais qui je pense est parfois une forme de défense face à la barrière de la langue ou tout simplement de la sincérité. Il y aussi eu de mauvaises expériences, j’ai subi un jour un caillassage en règle pour avoir réprimandé un gamin qui essayait de faucher dans ma sacoche de réservoir, il y a des chiens que leur maîtres n’ont pas retenu… mais cela reste des cas rares et isolés, les échanges sont bien plus souvent riches sincères et généreux.

Une rencontre t’as t-elle marqué en particulier ?

Il y en aurait beaucoup, je prends assez souvent des moto-stoppeurs en voyage, parfois pour quelques kilomètres ou des fois beaucoup plus. Ils sont souvent ravis de faire un bout de chemin ainsi avec parfois en prime un baluchon énorme à transporter sur la moto. Un soir au Kirghizstan, dans une petite ville, je peinais un peu pour trouver un endroit où passer la nuit. A force de tourner, j’ai demandé à jeune qui marchait dans la rue s’il connaissait un hôtel et je lui ai proposé de monter avec moi pour m’y amener. Il a jeté un œil dédaigneux sur moi et ma moto et m’a fait comprendre qu’il ne voulait pas se salir… après plusieurs jours de route pluvieux, la moto et moi étions vraiment très sales… Dans les rencontres marquantes, j’ai en particulier le souvenir d’un vieux monsieur en Ouzbékistan, à Boukhara, assis sur un banc qui m’a raconté un jour avec ses quelques mots d’Anglais, mais avec beaucoup de fierté qu’après avoir été enrôlé de force dans l’armée rouge, il était à Berlin en 1945. Il y avait une émotion intense dans sa voix et aussi de la fierté de pouvoir raconter à un français qu’il avait pris part à la chute du nazisme. Malgré la dureté des moments qu’il avait du vivre à cette époque, aujourd’hui ce souvenir éclairait son visage. Son émotion m’a beaucoup touché mais je n’ai pas fait de photo ce jour là. Chine Xinjiang Quelle a été ta plus grosse galère ? Il n’y a pas vraiment eu de grosse galère, parfois beaucoup d’incertitude, notamment par rapport à la possibilité de pouvoir ou pas rentrer en Chine, je me suis d’ailleurs fait refouler une première fois au poste frontière du Torugart au Kirghizstan, mais rien de dramatique. Après j’ai le souvenir toutefois d’une  journée un peu rude en Chine. Kashgar restant une étape incontournable pour moi, j’avais donc décidé de rejoindre cette ville et depuis Druzba cela représentait environ 2500 km, j’avais repéré sur ma carte un tracé qui pouvait me faire économiser facilement 500 km en traversant un massif montagneux. Ce fut un mauvais choix, ce jour là, le tracé repéré sur la carte se révèle être une piste de montagne et lors d’un arrêt pour faire le plein de la moto, je me fais arrêter par des policiers en civil très en colère, le contrôle n’est pas souple car il faut visiblement un permis pour traverser cette région du Xinjiang. Ils me laissent repartir au bout de 2 heures en me disant « Go back to Kazakhstan », conseil que je ne suis pas bien évidemment, mais la journée est déjà fort avancée, je reviens sur mes pas et reprend la route normale qui va devenir elle aussi une piste qui traverse de hauts plateaux battus par les vents… J’arriverai ce soir là à Balguntay vers minuit après avoir parcouru ce jour là plus de 650 km dont près de 400 km de piste et une partie de nuit (à proscrire)… Je finis en beauté avec un nouveau passage de la police de Balguntay, qui s’est empressée de venir voir qui est donc cet étranger arrivé si tardivement ! Mais là le contrôle est beaucoup plus sympa, il n’est pas loin d’une heure du mat et je crois qu’ils avaient envie de retourner se coucher. Et ta plus belle expérience ? Il y en a eu aussi beaucoup, mais l’arrivée à Pékin reste un souvenir inoubliable, c’est une ville tentaculaire, j’y suis arrivé de nuit en demandant mon chemin et totalement perdu entre les ceintures de périphériques. C’était commeun rêve éveillé de toucher ainsi au but après cinq mois de voyage. Je me suis soudainement senti tout petit et perdu dans cette ville immense, mais heureux !Chine voyage moto Quel accessoire t’a été le plus utile pendant ton périple ? Je crois qu’aujourd’hui, à l’heure du tout électronique, pour moi un petit carnet ou un agenda papier reste indispensable dans ce genre de voyage.Prendre des notes, les étapes, les distances, conserver des coordonnées, des contacts, des repères dans le temps, noter les échéances de visa… et puis plus tard cela restera la mémoire du voyage dans laquelle on pourra se replonger à loisir. Un petit conseil a ceux qui souhaitent se lancer dans l’aventure ? Si l’envie de partir ainsi vous tenaille, foncez, allez-y !!! Sur la route, par contre, c’est prudence maximale surtout lorsque l’on voyage dans des contrées où les règles de circulation sont anarchiques ou inexistantes. Il y a un pays que j’affectionne tout particulièrement, c’est la Turquie, c’est un endroit où j’ai beaucoup roulé à moto et où je retournerai avec plaisir. On peut y aller assez rapidement en traversant une partie de l’Europe. Je crois que cela peut-être une très belle expérience pour un premier voyage.  Un projet en préparation? Une fois que l’on a mis le doigt dans l’engrenage du voyage, c’est cuit, l’envie de partir ne vous lâche plus, en tout cas pour moi ! J’aimerais bien repartir sur quelques mois, l’Asie centrale m’attire toujours autant mais je crois que je pourrais aussi me laisser tenter par l’Amérique du Sud à moto… J’y pense… Retrouvez l’intégralité du carnet de voyage à moto de Christophe et ses superbes photos sur son site Images du monde
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