PORTRAITS

Toute l’année, nous suivons des voyageurs au long cours. Nous en rencontrons certains en voyage, d’autres chez nous. Et c’est toujours l’occasion de partager nos découvertes et notre passion pour le voyage et l’aventure.

Un continent à explorer: le road trip moto d’Erwan en Afrique!

Partager cet article : 

Le 1er décembre 2018, Erwan a enfourché sa Royal Enfield Himalayan et est parti du Nord de la France à l’assaut du continent africain. Son objectif: rallier à moto Cape Town, par la côte ouest.

Mauritanie, Sénégal, Guinée, Libéra, Nigéria, Côte d’Ivoire, Togo, Bénin, Namibie… en 8 mois de road trip, il aura traversé 20000 kilomètres et près de 20 pays ! Nous l’avions rencontré à son retour d’Afrique du Sud, il vous partage aujourd’hui son récit de trip.

road trip Erwan Going South Royal Enfield Himalayan

Comment est née ton idée de voyage en Afrique ?

Lorsque j’étais enfant, je rêvais de devenir chercheur d’or. J’avais déjà un esprit aventurier et une âme de voyageur. J’aspirais à découvrir le monde.

Après mes études d’infirmier à Amiens, j’ai décidé de me servir de ce métier pour voyager. J’ai travaillé un an au Maroc, puis trois années à Mayotte où j’ai passé mon permis moto. J’en ai profité pour visiter les Comores, Madagascar puis l’Afrique du Sud, toujours en deux roues.

L’Afrique du Sud a été une expérience si forte et riche en rencontres que j’ai promis aux amis que j’ai rencontrés à travers mes deux voyages de revenir un jour les voir depuis la France, mais cette fois ci-par la route.

Il y a deux ans, j’ai exercé au Sénégal et j’ai profité de l’occasion pour mener de nombreuses actions avec les dispensaires locaux. Grâce à ma moto achetée sur place, j’ai parcouru la Casamance et me suis rendu jusqu’en Guinée-Bissau voisine à la rencontre des habitants et de leurs traditions.

Ces expériences ont fait naître en moi une passion brûlante pour l’Afrique, sa diversité, ses communautés, ses paysages, ainsi que la conviction suivante :

“Rien ne vaut la moto pour partir à la découverte de l’Afrique”

Erwan going south Royal Enfield Himalayan
Erwan going south Royal Enfield Himalayan

Comment as-tu préparé ton voyage à moto ?

Pour partir faire un voyage long de 8 mois, il me fallait une moto solide. Au début je me suis intéressé aux vieilles motos des années 80, sur les conseils d’un ami Sud-africain. Les motos les plus présentes en Afrique sont des anciens bolides du Paris Dakar.

Après quelques recherches sur Le Bon coin, je me suis vite refroidi. La plupart de ces engins étant passés « moto de collection ». Il était pour moi impossible d’investir plus de 3000 euros pour une moto de 30 ans.

Bien qu’il soit plus difficile de trouver des pièces de rechange en Afrique, je me suis retranché sur une moto dont j’avais entendu parler à l’époque où j’habitais Mayotte: la « Royal Enfield Himalayan ». Une moto de manufacture indienne, une Trail conçue pour affronter les pistes rugueuses de l’Himalaya.

Après une rapide consultation de mon ami Sud-africain, j’ai pu en acheter une chez S.quad moto en région parisienne, pour la modique somme de 3500 euros. S.quad moto a équipé la moto directement : valises, lumières supplémentaires, protège-mains, chambres à air, autant de modification qui font la différence une fois en route.

Une fois prête, direction le salon Moto Légende de Vincennes auquel j’étais invité par Kom111, une société organisatrice de voyages moto. J’y ai rencontré deux habitués de voyages et trek moto qui m’ont prodigué de nombreux et précieux conseils.

Par ailleurs, j’ai emmené avec moi quelques indispensables pour les journées en brousse ou en plein désert : une gourde filtrante de marque Sud-Africaine Lifestraw (pratique pour boire de l’eau sans être malade), un Camel Bak de 2 litres, très utile dans les zones arides comme le désert Mauritanien ; cela permet de s’hydrater tout en conduisant. Une tente, un tapis de sol, et un couteau suisse en poche, et me voilà parti à l’assaut du continent africain.

Mais avant de survivre en brousse…il fallait déjà survivre au froid qui règne à cette époque sur le Vieux Continent ! Une amie m’a offert des sous-vêtements (sous-pull et pantalon) de la marque Helly Hansen qui protègent du froid, mais aussi de la chaleur pour la suite du périple.

Enfin, quelques précautions à prendre tout de même : carnet de vaccination international à jour (ce carnet peut être demandé à la douane aux frontières ou parfois pour l’obtention des visas) et assurance rapatriement. J’ai choisi Chapka Assurances  avec leur formule Cap Aventure valable pour l’intégrabilité de mon séjour, à n’importe quelle étape du trajet.

 Une tente, un tapis de sol, et un couteau suisse en poche, et me voilà parti à l’assaut du continent africain!

Erwan going south Royal Enfield Himalayan

Quel était ton itinéraire ?

L’objectif du projet était de traverser l’Afrique de Paris à Cape Town en longeant la Côte Ouest. Mon voyage aura duré 8 mois au cours desquels j’ai parcouru 20 000 km et traversé 19 pays.

Je suis parti du Nord de la France le 1er décembre, j’ai fait une première étape dans le Berry, franchi les Pyrénées et longé la côté espagnole. J’ai quitté le Vieux Continent à Tarif pour rallier le Maroc, j’ai traversé le Sahara Occidental et le désert mauritanien, avant de franchir la frontière du Sénégal par le parc naturel de Diama.

Je suis arrivé à Saint Louis le 24 décembre, et j’avais pour objectif d’être avant le nouvel an en Casamance pour y rejoindre ma copine et nos amis Sénégalais. J’ai parcouru le pays du Nord au Sud en deux jours en traversant le fleuve gambien en bac, avant d’arriver dans la région la plus verte du Sénégal.

Je suis resté plus d’un mois et demi en Casamance. J’en ai profité pour faire une belle révision grâce à mes amis mécanos et changer mes disques d’embrayage que j’avais accidentellement brûlés en roulant dans le sable.

Prêt à poursuivre l’aventure, j’ai rejoint la Guinée Bissau en mettant la moto sur une pirogue afin de traverser les bolongs (bras de mer représentant une frontière naturelle entre les deux pays) puis les petites pistes informelles jusqu’à Sao Domingo, deuxième ville du pays. De retour dans un pays francophone après avoir goûté à l’influence portugaise de Bissau, j’ai traversé la Guinée Conakry en une semaine.

Puis, au lieu d’aller directement en Côte d’Ivoire, j’ai continué à longer la côte car je rêvais de découvrir la Sierra Leone et le Libéria dont l’histoire m’avait toujours particulièrement fasciné. Je savais par ailleurs que ces pays regorgent de spots de surf amateur et j’avais très envie de pouvoir y prendre quelques vagues !

Je suis finalement arrivé en Côte d’Ivoire où je suis resté un mois hébergé chez l’habitant, avant de poursuivre vers le Ghana, le Togo et le Bénin, jusqu’à la frontière nigériane. Passage redouté mais nécessaire pour quiconque souhaite s’aventurer plus loin.

C’est finalement sans escorte et sans encombres que je suis arrivé au Cameroun en passant par un petit poste de frontière à travers les montagnes pour éviter la rébellion frontalière de la région anglophone du pays.

Erwan going south Royal Enfield Himalayan Equateur
Erwan going south Royal Enfield Himalayan
Erwan going south Royal Enfield Himalayan
Erwan going south Royal Enfield Himalayan

La saison des pluies terminant tout juste du côté de l’équateur, j’ai rejoins Yaoundé en parcourant des collines sinueuses et pistes boueuses du pays. Le Gabon et le Congo Brazzaville ont été encore plus long à traverser, notamment en raison un pépin mécanique survenu après une chute dans une profonde étendue d’eau. 

J’ai réussi à faire des réparations de fortune grâce à l’aide des locaux habitués à l’état difficile des routes, et j’ai pu rejoindre Cabinda, exclave angolaise riche en pétrole entre les deux Congo.

En raison de l’impossibilité de franchir la frontière avec la République Démocratique du Congo – il aurait fallu faire une demande de visa en France avant mon départ – j’ai mis la moto sur une embarcation peu engageante et j’ai pris un petit avion pour atterrir à Soyo, à l’extrême nord du pays, à peine 100 kilomètres plus loin, où j’ai récupéré ma monture.

Chaleureusement accueilli par le Club des motards Amigo de Picada, j’ai traversé l’Angola en bonne compagnie à chaque étape de mon trajet, jusqu’à atteindre la Namibie où j’ai connu une nouvelle panne mécanique.

Finalement, c’est avec soulagement, fierté et joie que je suis arrivé en Afrique du Sud, 7 mois après le départ, quelques jours avant mon anniversaire, que j’ai pu célébrer avec mes amis de longue date sud-africains ! Je suis resté un mois sur place afin de profiter d’eux et d’aller explorer ce pays magnifique pour la troisième fois, mais certainement pas la dernière…

Erwan going south Royal Enfield Himalayan
Erwan going south Royal Enfield Himalayan
Erwan going south Royal Enfield Himalayan
Erwan going south Royal Enfield Himalayan
Erwan going south Royal Enfield Himalayan
Erwan going south Royal Enfield Himalayan
Erwan going south Royal Enfield Himalayan
Erwan going south Royal Enfield Himalayan

Pourquoi avoir voyagé à moto ? 

La moto offre un sentiment de liberté et d’indépendance, elle permet de vivre la route en étant intégré dans le paysage et l’environnement. A moto, on vit chaque seconde l’instant présent et on ne rate rien de ce qu’il se passe au bord des routes.

Chaque jour sur les pistes africaines est un véritable spectacle. La moto permet de bénéficier d’un meilleur accueil car on est plus proche du terrain et des locaux, on se retrouve souvent dans les mêmes galères que les habitants, qui font preuve d’entraide et de compassion dès qu’ils nous voient.

Au départ, j’avais envisagé d’acheter un modèle des années 80, mais étant donné le prix élevé de ces motos passées collection, je me suis rabattu vers la Royal Enfield Himalayan, un modèle trail tout terrain qui semblait indispensable pour pouvoir traverser les villages africains et dont j’avais entendu parler deux ans auparavant.

J’ai choisi un nouveau modèle de 2016 qui ne possède que très peu d’électronique et était parfaitement adapté pour m’accompagner dans cette aventure.

Erwan going south Royal Enfield Himalayan Afrique
Erwan going south Royal Enfield Himalayan Afrique

Ce qui t’as le plus surpris ?

J’ai été impressionné par la gentillesse et l’hospitalité de la majorité des habitants des pays que j’ai traversé, particulièrement dans ceux qui ont la plus mauvaise réputation sur le plan international et médiatique : Mauritanie, Sierre Leone, Liberia, Nigéria, Angola.

En Mauritanie, j’ai été accueilli dès la première nuit par un mauritanien rencontré à la frontière qui m’a offert l’hospitalité et m’a aidé à m’acquitter de mes formalités administratives.

En Sierra Leone et au Liberia – qui souffrent encore d’une réputation très négative liée à la guerre civile dans les années 2000 – j’ai été surpris par le caractère paisible et curieux de ses habitants, qui n’ont pas vu de touriste depuis longtemps.

Au Nigéria, j’ai fait la connaissance d’un jeune architecte qui m’a fait découvrir Abuja, la capitale nigériane, d’une façon qui n’aurait pas été possible sans lui et qui m’a logé plusieurs nuits.

En Angola, j’ai été accueilli à bras ouverts par un des membres du club de moto le plus important du pays, Amigo de Picada, ce qui m’a facilité grandement la traversée car j’étais attendu et hébergé dans chaque nouvelle ville où j’arrivais par un des membres du Club.

J’ai pu participer à l’une des grandes sorties moto dominicales à Luanda, et j’ai même été interviewé dans le cadre du premier salon du tourisme organisé dans la ville.

Au fur et à mesure de mon voyage, j’ai été surpris par la différence de mode de vie et les différences sur les plans culturel, économique et politique des pays en fonction de leur ancien colonisateur ; français, anglais ou portugais.

Par exemple, dans les pays francophones les habitants ont gardé une grande culture littéraire et une bureaucratie à la française tandis que les pays anglophones sont plus tournés vers une économie libérale et une culture protestante.

Les pays lusophones ont conservé une démocratie à la portugaise et un esprit de fête très caractéristique comme la célébration des carnavals et des mœurs plus légères. La cuisine même est très différente d’un pays à un autre, parfois plus marquée par la cuisine anglo-saxonne (Ghana, Sierra Leone) ou portugaise (Guinée Bissau, Angola).

Erwan going south Royal Enfield Himalayan Afrique
Erwan going south Royal Enfield Himalayan Afrique
Erwan going south Royal Enfield Himalayan Afrique

Tes plus belles rencontres ? 

Lors de mon étape au Bénin, j’ai pu rencontrer deux personnes bien différentes qui m’ont marquées. 

Le premier est le roi d’un village du nord, proche de la frontière avec le Burkina. Il était en costume traditionnel et m’a offert une bénédiction ainsi qu’un gri-gri pour me protéger durant mon périple. 

Le second est un hollandais de 52 ans, Roy, faisant le tour du monde en Harley Davidson. Sa chaleur et son amitié m’ont donné le courage d’affronter les routes nigériennes.

Au Cameroun, j’ai aussi eu la chance d’assister à une répétition d’une pièce de théâtre montée par une association tenue par un motard de Yaoundé permettant à des jeunes adolescents et adultes atteints par le VIH d’exprimer leur mal-être lié à cette maladie.

J’ai été aussi beaucoup touché par l’accueil des motards angolais, qui m’ont pris sous leur aile et avaient à coeur à me montrer une image positive de leur pays.

Erwan going south Royal Enfield Himalayan Afrique
Erwan going south Royal Enfield Himalayan Afrique
Erwan going south Royal Enfield Himalayan Afrique

Ta plus belle galère ? 

Une chute dans une marre d’eau très profonde entre le Gabon et le Congo. J’étais en route pour rejoindre la frontière de la République du Congo et j’ai pris une piste gabonaise non répertoriée, quasiment impraticable quand il pleut, dans le but d’éviter la route principale qui était dans un état de délabrement avancé – comme souvent quand on se rapproche du pays voisin.

La petite saison des pluies prenant fin dans cette partie du globe, j’ai fait preuve d’imprudence malgré l’avertissement des villageois et, à dix kilomètres de la frontière congolaise, j’ai traversé une flaque qui était devenue une mare à cause de fortes précipitations de la veille.

J’ai chuté en plein milieu de l’étendue et l’eau croupie s’est ensuite introduite à l’intérieur du pot d’échappement puis dans le moteur. J’étais dans l’impossibilité de redémarrer. 

J’ai donc sauvé mes équipements informatique et électronique (drone, ordinateur…) qui étaient dans mes valises étanches et attendu environ deux heures sous une chaleur tropicale et humide avant que deux villageois passent pour me secourir.

Nous avons ensemble caché la moto dans la brousse et le lendemain, après m’avoir hébergé, nous sommes revenus à l’endroit de ma mésaventure pour récupérer l’épave et la ramener au poste frontière congolaise.

Un douanier m’a aidé pour les réparations, il m’a dit me voyant stressé: “T’inquiète pas, on a l’habitude ici que les motos boivent de l’eau” ! Après avoir passé une nuit au poste frontière, j’ai pu reprendre la route le lendemain grâce à ce fonctionnaire que je n’oublierai probablement jamais…

Erwan going south Royal Enfield Himalayan Afrique
Erwan going south Royal Enfield Himalayan Afrique
Erwan going south Royal Enfield Himalayan Afrique
Erwan going south Royal Enfield Himalayan Afrique
Poste de controle douanier de Mbiribi

Ton meilleur souvenir ? 

J’ai énormément de bons souvenirs mais si je devais en sélectionner un, cela serait la sortie moto que j’ai réalisé avec un groupe de Bikers angolais sur la route sinueuse séparant la ville de Lubango à la ville de Namibe.

Cette route traversant une montagne de plus de 1700 mètres est une succession de virages en épingle qui descend jusqu’à l’océan. La descente est vertigineuse et les paysages sont grandioses.

Erwan going south Royal Enfield Himalayan Afrique

Quel est l’objet que tu as emporté qui ne t’a jamais servi ? 

Tout m’a servi durant mon périple car tout est susceptible d’être troqué ou échangé en Afrique: une paire de lunette contre une vidange par exemple…

En revanche, j’avais emporté mon diplôme d’infirmier au cas où j’avais besoin de travailler pour continuer à financer mon voyage, mais finalement j’ai réussi à tenir mon budget grâce à l’accueil exceptionnel que j’ai reçu.

Erwan going south Royal Enfield Himalayan Afrique

Quel serait ton prochain road trip à moto ?  

J’ai prévu d’organiser un nouveau raid Paris-Dakar avec un groupe de plusieurs Royal Enfield Bullet Classic 500cc dans le but d’ouvrir un circuit découverte à moto au Sénégal.

Je suis dans l’élaboration d’un tour d’une dizaine de jours avec des partenaires sénégalais qui partirait de Cap Skirring en Casamance jusqu’à Dakar en passant par le Sénégal oriental. L’Afrique reste pour moi encore un continent à explorer et à découvrir…

Erwan going south Royal Enfield Himalayan Afrique

Pour suivre les aventures d’Erwan, rendez-vous sur son Facebook Goingsouth – road to South Africa et retrouvez ses actus sur Instagram erwan_goingsouth!

Par : Erwan Brahimi
Crédits photos : Erwan Brahimi

Partager cet article : 

Depuis 2007, nous accompagnons
des motards et motardes
partout dans le monde à la découverte
des grands espaces. Années après
années, nous avons ouvert de nombreuses
routes aux quatre coins du monde.

MONO 500 INTL
c/o Polaris Global Services Ltd
4ter Rue Saint-Georges
Port-Louis – Ile Maurice

Trustpilot

Partagez cet article :