PORTRAITS

Toute l’année, nous suivons des voyageurs au long cours. Nous en rencontrons certains en voyage, d’autres chez nous. Et c’est toujours l’occasion de partager nos découvertes et notre passion pour le voyage et l’aventure.

4 voyages au long cours en 2 ans : près de 100 000 km toujours en Royal Enfield!

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Franck nous raconte 4 voyages au long cours en 2 ans : l’Inde, la Mongolie, l’Amérique du sud et le Sénégal en solo en Classic 500 Royal Enfield.

Comment est née ton idée de voyage ? 

Un rêve de gosse sans aucun doute!

A 15 ans, j’étais fasciné pour tous les récits d’aventuriers comme André Brugiroux ou Richard Chapelle. A 20 ans je voulais être “routard professionnel” …. La vie s’est chargée de m’en dissuader!!!

Ce n’est qu’à 54 ans après une carrière bien remplie de chef d’entreprise que j’ai choisi de changer de vie, les 3 semaines de congés annuels à voyager me laissaient sur ma faim et l’envie de véritables aventures était trop forte.

J’ai aussi pris conscience que la vie passait trop vite, je n’avais plus le temps de perdre du temps.

C’est alors que j’ai choisi de partir à vélo à travers le monde, les Amériques, la Nouvelle Zélande, l’Asie bref 16 000 km uniquement à vélo, en 2 voyages respectivement de 10 et 5 mois ( de Alaska au Mexique).

Ensuite, j’ai voyagé avec mon sac à dos et ce n’est qu’en Avril 2017 que je m’inscris au permis moto et ce n’est qu’après 4 échecs au plateau que j’obtiens enfin le Graal.

Le permis en poche je m’envole vers l’Inde 3 mois pour un trip de 7000 km avec des Bullet 350 de location, afin de parfaire ma conduite et oublier par la même occasion toutes mes notions de code de la route !!!

road trip Royal Enfield

Comment as-tu préparé ton voyage à moto ? 

Je ne prépare quasiment pas mes voyages, je donne juste à mes proches ma destination et une date aproximative de retour un mois avant de partir. J’emporte avec moi une trousse à outils, câbles, poignées.

Je me suis rendu compte que les vibrations et les mauvaises routes occasionnaient de la casse au niveau du porte-bagages et des ruptures de câbles électriques placés sous le garde-boue de la roue arrière.

Depuis, j’ai protégé et renforcé ces deux points faibles. Sur la route de la Mongolie, j’ai crevé 4 fois à l’arrière et je n’avais jamais démonté une roue de ma vie avant de partir.

La chance m’a souri, à chaque fois, je m’en suis sorti grâce à l’entraide entre motards, depuis je sais démonter une roue arrière, faire la vidange et remplacer le filtre à air.

Quel était ton itinéraire ? 

J’ai fait quatre grands voyages depuis novembre 2017 pour un total de presque 100 000 kms.

  • Inde (novembre 2017 à janvier 2018 ): 7000 kms, arrivée en avion à New-Delhi
  • France-Mongolie (mai 2018 à septembre 2018): 26 000 kms
  • Amérique du Sud (janvier à août 2019 ): 33 000 kms
  • France-Sénégal (janvier à mars 2020): 15 000 kms
road trip Royal Enfield

L’Inde

J’aurai bien aimé aller de New Delhi à Ledh mais la route était fermée à cette saison.

De retour de Manali et Dharamsala, je me suis envolé vers le Kerala pour y longer la côte jusqu’à Goa et retour à Chennai, en espérant pouvoir visiter les usines Royal Enfield.

Malheureusement les places sont rares et j’ai du abandonner ce projet. Ensuite, direction le Rajhastan et ses paysages inoubliables.

De la France à la Mongolie

La mythique Route de la Soie m’a toujours fait rêver, elle me laissera mes meilleurs souvenirs. J’ai eu la chance d’y rencontrer des motards beaucoup plus expérimentés que moi.

Andy Davidson (journaliste moto ), Alissa Potter et Didier Martin ( globe-trotteur depuis plus de 20 ans ), tous de grands voyageurs avec qui j’ai lié une grande amitié et retenus leurs bons conseils pour voyager loin…

L’Amérique du Sud

J’ai embarqué ma moto dans un contenair de Anvers à Montévidéo (Uruguay). Trois semaines plus tard, je la récupérais avec un premier objectif : atteindre Ushuaïa.

La route est globalement bonne, s’il y avait moins de vent. J’ai passé plusieurs jours enfermé dans des auberges à attendre une fenêtre météo favorable.

Il me semblait inutile et ridicule de prendre des risques alors que mon véritable luxe est le temps dont je bénéficie. Arrivé en Terre de Feu, mon seul choix était de remonter vers le nord jusqu’en Colombie.

La Carretera Austral au Chili, encore une route mythique, puis le désert d’Atacama au nord du Chili qui me fera découvrir les plus beaux paysages jamais vus de ma vie.

Ensuite le Salar d’Uyuni en Bolivie qui était recouvert de 20 cm d’eau à cette saison, que je n’ai pas voulu traverser pour préserver ma moto.

La traversée du Pérou par la Panaméricaine était une erreur, cette route est réellement pénible, monotone, les couleurs des paysages sont sinistres et les bords des routes ressemblent parfois à des dépotoirs…

Le retour à la verdure dès le passage de la frontière en Equateur est un soulagement.

A Cuenca, je passe par hasard devant la concession Royal Enfield, je m’y arrête bien que n’ayant besoin de rien et sympathise avec le patron qui m’offrira un lavage et une petite révision!!!

La Colombie est sans doute le pays le plus sympa à visiter en Royal Enfield.

La marque y est bien représentée, les pièces et le savoir-faire sont disponibles mais surtout les paysages, la beauté des villages, la chaleur des habitants et la qualité des routes en font une destination de rêve.

De la France au Sénégal

L’idée de retrouver le soleil est bien attirante quand on est en France au mois de janvier, d’où mon envie de rejoindre le Sénégal!!!

Je n’avais vraiment jamais roulé pendant plusieurs semaines dans le froid. Malgré une belle route et de beaux paysages, ce froid atténue le plaisir de la moto.

Une fois arrivé dans le Sahara Occidental, le dépaysement est total. J’ai adoré rouler dans le désert sur des routes peu fréquentées au milieu de nulle part, en espérant très fort de ne pas tomber en panne!!

Les check-point de la gendarmerie marocaine et mauritanienne s’enchaînent tous les 100 km. Les contacts avec les autorités sont amicaux et courtois, il faut juste prévoir de leur remettre une photocopie du passeport et les arrêts ne durent que quelques secondes.

En Mauritanie, les gendarmes ne regardaient que rarement le papier que je leur tendais au point de penser que si je leur avais donné le mode d’emploi de ma cafetière, l’effet aurait été le même.

C’était une erreur car j’ai appris qu’ils téléphonaient à leurs collègues pour avertir de mon futur passage et ainsi vérifier que je n’étais pas resté planté en chemin.

Je ne me suis jamais senti autant en sécurité que dans cette partie du voyage qui est pourtant réputée dangereuse dans l’esprit de beaucoup de personnes.

Le Sénégal reste aujourd’hui l’un des pays les plus safe de l’Afrique de l’Ouest et mérite sa découverte. Les Sénégalais sont accueillants et francophones, ce qui simplifie la communication.

Qu’est-ce que ça change de voyager en Royal Enfield ?

Novice dans le monde la moto, pour moi toutes les motos japonaises se ressemblaient, après des recherches sur le net j’ai fait le choix d’une Classic 500 Royal Enfield neuve.

Il me semblait que l’absence d’électronique et une mécanique simple seraient un atout. Mes compétences mécaniques étant proches de zéro, ce choix me semblait judicieux et puis j’aimais bien le look aussi.

Avant mon achat, je me souviens m’être présenté dans un magasin (KTM) spécialisé dans les raids africains de ma région et avoir expliqué au vendeur mon projet de la manière suivante :

” Voila, je suis en train de passer mon permis, je cherche une moto pour aller en Mongolie et mon budget est de 6000 € “.

Le type m’a regardé et j’ai lu dans son regard qu’il n’avait pas de temps à perdre avec un doux rêveur comme moi et m’a  planté au milieu du magasin sans plus de commentaires….

Il est vrai que, présenté de cette manière, je ne favorisais pas la confiance, mais j’aurais un jour plaisir à lui raconter que deux ans et demi plus tard j’avais fait 100 000 kms autour de la planète!!!

Pour avoir voyagé à vélo avant, je me suis rendu compte que la moto offre des possibilités et finalement, une liberté, supérieures.

Combien de lieux magiques je ne suis pas allé voir à vélo parce que trop fatigué, route impossible, autonomie alimentaire trop faible etc… Bref, la moto n’exige pas une condition physique extraordinaire et croyez moi, ça change tout.

Cependant, il ne faut pas oublier que l’important n’est pas le moyen de locomotion ni même la destination, mais le voyage en lui-même.

Ma Classic 500 Royal Enfield est particulièrement économique avec ses 3,3 litres /100 kms, de plus avec sa couleur Desert Storm, les locaux pensent que je je roule avec une moto de la seconde guerre, ce qui facilite les contacts avec les locaux. Au Sénégal, je trouvais deux acheteurs potentiels par jour !!!

C’est fou le capital sympathie que cette moto dégage, je ne suis pas certain que j’aurais pu faire les mêmes rencontres en chevauchant une grosse allemande bourrée d’électronique mais bon, elles ont d’autres avantages…

Ce qui t’as le plus surpris ? 

Depuis que je voyage j’ai retenu deux choses :

La première est que 99% des gens sur la terre sont foncièrement gentils et ne cherchent qu’à rendre service.

La deuxième est que j’ai de la chance d’être né en France et je pense souvent à ce que dit Sylvain Tesson : « La France est un paradis peuplé de gens qui se croient en enfer ».

Tes plus belles rencontres ?

Un jour en Iran, je roulais en ville quand j’aperçois un bras sortir d’une voiture qui me doublait, tenant un sac en plastique rempli de gâteaux et de fruits. Comprenant qu’il m’était destiné, je m’arrête au feu suivant où la dame me demande si j’avais mangé ce matin.

Je lui réponds que oui mais elle insiste, deux minutes plus tard, elle, son mari et son fils discutions sur le bord de la route, eux me regardaient manger car c’était le ramadan, puis un quart d’heure plus tard ils ont repris leur route me laissant abasourdi par autant de gentillesse.

Il y a aussi mes arrêts dans les concessions Royal Enfield que j’adore. Discuter avec les vendeurs, parler de mes voyages, ils sont toujours surpris de voir débarquer une plaque d’immatriculation française dans leur boutique. Les discussions vont bon train et la sympathie s’installe vite.

Les gendarmes et douaniers passent souvent plus de temps à me demander les caractéristiques de ma moto qu’à vérifier mes papiers.

Un gendarme sénégalais surpris de me voir arriver dans son pays ” avec ça ?”, comme il dit en montrant ma moto et finit par me dire avec un fort accent sénégalais inimitable : ” tu es brave !!” 

Ta plus belle galère ? 

Grosse galère mettant en danger ma santé, pour l’instant, jamais.

J’ai passé 2 semaines planté à La Paz ( Bolivie ) en attendant que le mécano trouve la solution à une panne électrique, j’en ai profité pour lire, écrire et visiter. Le temps n’a plus la même valeur, c’est un luxe que l’on apprécie quand aucun billet d’avion ne doit sonner la fin de la récré.

J’ai eu une frayeur en plein milieu du Sahara Occidental quand mon moteur s’est arrêté brutalement, comme si j’avais actionné le bouton d’arrêt d’urgence.

Après réflexion je me suis souvenu que mon neiman était capricieux et qu’un faux contact avait dû se produire – bref, en orientant la clé différemment elle est repartie.

Le passage de la frontière du Maroc/Mauritanie est assez épique avec ses “facilitateurs d’affaires” qui se proposent de vous accompagner dans les démarches douanières moyennant 10-20€.

Mais le plus étonnant reste le no man’s land entre les deux pays qui ressemble à une casse auto sur 2 kms de pistes sableuses et rocailleuses qui m’ont occasionées deux chutes sans gravité.

Ma dernière galère reste mon retour précipité mi-mars de Marrakech pour cause de coronavirus. J’ai dû laisser ma moto dans un garage en espérant la retrouver le plus vite possible.

Je remercie à cette occasion Ismael, d’Otomoto Marrakech, pour cet immense service qu’il me rend.

Voyager sans date de retour procure une approche complètement différente des galères

Ton meilleur souvenir ? 

Peu expérimenté dans le voyage à moto, j’ai découvert un réseau d’entraide entre motards. Sur la Route de la Soie par exemple, je ne pouvais imaginer être ou laisser un motard en galère sur la route.

Mais mon plus beau souvenir reste la rencontre de Luis, un mécano moto argentin chez qui je venais pour faire de petites réparations et une vidange.

Avant de commencer à travailler, je lui demande combien ça allait me coûter. Il m’a répondu: “pour une Royal Enfield, ce sera gratuit”.

Cet homme proche de la retraite est un véritable amoureux de la moto, on sentait dans ses yeux la passion qui vivait encore après des années d’exercice.

road trip Royal Enfield

Quel est l’objet que tu as emporté qui ne t’a jamais servi ? 

Ayant voyagé à vélo, j’ai appris à ne prendre que l’essentiel et je crois qu’en dehors d’une batterie de secours pour charger mes téléphones, je me suis servi de tout.

Je devais avoir tout compris 40 kgs de bagages sur ma moto en comptant les affaires d’hiver et d’été.

Quel serait ton prochain road trip à moto ? 

En cette période de confinement, l’heure n’est pas trop aux projets de voyages…

Mais dès que ce sera possible, le tour de l’Europe en s’approchant de ses frontières extérieures me tente bien (Le cap Nord, Athènes, Lisbonne).

J’ai aussi envie d’aller en Asie et en particulier en Birmanie et de retourner au Cambodge. En fait, je ne sais pas encore, mais je repartirai dès que possible, c’est certain!

Pour suivre les aventures de Franck, rendez-vous sur son site web!

Par : Franck
Crédits photos : Franck

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