PORTRAITS

Toute l’année, nous suivons des voyageurs au long cours. Nous en rencontrons certains en voyage, d’autres chez nous. Et c’est toujours l’occasion de partager nos découvertes et notre passion pour le voyage et l’aventure.

Le road trip en duo en Royal Enfield Himalayan d’Hugo

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De novembre 2019 à mars 2020 (Covid-19 oblige), Hugo et sa copine se sont lancés dans un road trip moto en Royal Enfield Himalayan, à travers le continent sud-américain. Ils nous racontent ce périple en duo de 16 000 km, au fil de leur liste de sites incontournables à voir dans une vie.

Hugo Himalayan

Comment est née ton idée de voyage ?

Parce que je ne l’avais pas encore fait?

Il y a plusieurs raisons, premièrement c’est un continent qui faisait fortement appel à mon imaginaire et que je voulais voir depuis longtemps. Le nouveau monde, les civilisations disparues et des territoires encore parfois vierges ou que l’on imagine comme tel.

Ensuite j’avais un vieil ami en Colombie ce qui m’offrait un point de chute le temps de trouver un modèle convenable et de faire les papiers dans une langue que je ne connais pas bien et avec une administration totalement inconnue.

Et pour finir, j’ai de la famille que je n’avais jamais rencontrée à Sao Paulo, ce qui me donnait une destination finale et un tracé tout trouvé des Caraïbes au Pacifique pour finir sur la côte Atlantique. 

Finalement, un peu un voyage entre découverte et réunion de famille !

Hugo Damiens en Amérique du Sud

Comment as-tu préparé ton voyage à moto ?

Franchement je ne me suis pas renseigné tant que ça.

J’ai regardé le prix des machines en Colombie sur mercadolibre.com pour voir ce que mon budget me permettait, vérifié si j’avais besoin de visa et c’est tout.

J’aime commencer mes road-trips avec juste un sac sur le dos et une idée en tête. Je ne me suis jamais posé la question, peut-être que ça fait partie de la sensation de liberté que je recherche en voyageant tout simplement…

Hugo Damiens en Amérique du Sud

Quel était ton itinéraire ?

Nous sommes parti à deux avec ma copine. Nous avons pris une carte de l’Amérique du Sud et entouré au feutre ce que nous voulions absolument voir.

Le départ s’est donc fait de Barranquilla au bord des Caraïbes et devait se terminer à Sao Paulo au Brésil.

Les grandes lignes étaient de passer par la forêt amazonienne colombienne, les volcans équatoriens, les plages de surf et les sites archéologiques du Pérou comme Nazca, le salar d’Uyuni en Bolivie, le désert d’Atacama au Chili, Salta et ses gauchos ainsi que la mythique route 40 en Argentine, Encarnacion au Paraguay, les chutes d’Iguazu et pour finir les plages du Brésil pour le carnaval.

Avec une idée générale si vague l’itinéraire se décidait un peu le matin en regardant la carte et en suivant les recommandations des gens croisés en chemin. En gros on voyageait au pif, ce qui nous a offert de bonnes comme de mauvaises surprises…

Chutes d'Iguazu
Hugo Damiens en Amérique du Sud
Hugo Damiens en Amérique du Sud

Pourquoi avoir voyagé en Himalayan ? 

En arrivant sur place et par élimination, il nous restait deux choix. 

L’Himalayan de Royal Enfield, un petit mono de 400cc d’à peine 2ans avec 20.000km. Ou une Suzuki Freewind, un bon mono 650 dérivé du DR mais de 20ans et avec un kilométrage clairement mensonger. 

Bien que plus puissante pour de la route en duo et d’allure très propre, j’ai choisi la sécurité… Et elle se sera révélée être une excellente monture, sobre, légère et fiable. 

Bien que son moteur soit un peu petit pour 2 elle ne nous aura jamais fait défaut en 16.000km. Elle était tellement devenue une fidèle compagne de voyage que ma copine a lâché une petite larme quand on l’a stocké à Sao Paulo! 

Pourquoi la moto? Pour cette possibilité d’aller à peu près partout et de tourner au premier carrefour si on voit quelque chose qui à l’air sympa au loin. Mais pour moi, c’est surtout que la route fasse parti du voyage. 

Beaucoup de backpackers par exemple voyagent en bus et préfèrent rouler de nuit. Ça économise une nuit d’hôtel ainsi qu’une journée de route. L’idée est bonne mais c’est aussi se priver des paysages grandioses qui sont parfois offerts entre les étapes… 

Ce sont d’autres façons de voyager, j’aurais du mal à dire si il est plus simple ou plus compliqué de voyager en deux roues. 

Quand à 30 km de votre destination en pleine pampa, un orage éclate de nuit, qu’un phare vous lâche, qu’on s’engrave, que la plaque décide d’aller jouer les filles de l’air, que finalement cette route qui avait l’air si belle sur la carte ce révèle être une piste caillouteuse à peine assez large pour y croiser un âne… demandez aux fesses de ma passagère, elles ont un avis assez marqué…

Hugo Damiens en Amérique du Sud
Hugo Damiens en Amérique du Sud

Ce qui vous a le plus surpris ?

Comme ce n’était pas mon premier rodéo, je savais plus ou moins à quoi m’attendre en voyageant à moto. 

Les accueils souvent chaleureux pour les motards avec des plats bien différents des nôtres comme le cochon d’Inde, le lama, le croco et j’en passe. Des règles de sécurités bien plus relax que chez nous, un mélange entre le plaisir de rouler sans casque mêlé à la frustration de se faire doubler par un mec du cru avec trois gosses en tongs sur une pétrolette… 

Au final, ce qui nous aura le plus surpris est la différence entre la perception des gens et la réalité. Si on écoutait nos proches ou même les locaux, on allait se faire agresser dans chacun des pays traversés. Le nombre de mises en gardes étaient impressionnant!

Hugo Damiens en Amérique du Sud

Vos plus belles rencontres ? 

Beto sans hésitation, un héros! Nous le rencontrons à Volcan, un petit village qui ne compte pas plus de 50 maisons alors qu’en fin de journée nous somme pris dans un orage. 

Il apparaît en combinaison de protection chimique blanche et gilet jaune sur une petite YBR125 noire chargée bien au-delà du bon sens. C’est grâce à lui que nous trouvons un petit hôtel. Hôtel si on peut dire, en réalité quelques chambres aménagées dans un hangar… Mais ça contribue au charme de cette rencontre. 

Un petit tour à l’épicerie du coin et nous partageons sandwichs et histoires puis faisons un petit tour d’inspection de nos montures respectives. Moi qui parfois déjà surprend avec juste une petite 400, je suis impressionné par ce qu’endure la pauvre 125. 

Beto, 54 ans, célibataire et intéressé par les françaises (il nous a demandé de passer le message), est pompier de métier, maintenant dans l’administration et doit surveiller son coeur. Il profite de ses vacances pour parcourir l’Argentine en partant de Buenos Aires. Argentin et très fier de l’être, il veut voir son pays avant d’en visiter d’autre. Là, il vient de faire 1400 km en deux jours en mâchant continuellement de la coca pour rallier le nord. 

Après avoir discuté toute la soirée dans un espagnol plus qu’approximatif -qui explique le peu de sujets abordés en autant de temps – nous regagnons nos chambres. Je me demande encore comment il a pu dormir en ayant mâché autant de coca!

Hugo Damiens en Amérique du Sud

Votre plus belle galère ? 

Je dirais le 24 décembre, on a eu la totale.

Il est 16h et nous sommes à Leyebamba dans l’Amazonas. Pas de banque, juste un retrait de la caisse d’épargne locale. Où est la plus proche alors? A mon point de départ – et la suivante dans 145km. Le taxi me dit qu’il faut 4 heures de route, la caissière, elle, me dit 6. J’ai fait 125km. Ça va être serré mais j’ai fait pire, on le tente! 

La route commence à monter, on passe dans le nuage, une vraie purée de pois et là un panneau: “Calla-Calla, 3600m”. Au moins à une telle altitude je sais pourquoi je ne sens plus mes doigts. Mais à partir de là ça ne peut que redescendre, les températures devraient remonter. Alors les paysages sont époustouflants, immenses, la lumière est magnifique. Mais l’heure tourne. 

À 19h il fait nuit et il me reste 100km à poncer sur ces petites routes sinueuses. C’est là que, juste pour rire, un faux contact me coupera le jus trois fois en l’espace de vingt minutes en faisant caler la moto (puis dieu merci ne le fera plus, mais ça je ne pouvais pas le savoir!). Le soleil baisse. Ma vitesse aussi. La distance a beau se réduire, je dois tellement ralentir que le temps de trajet à parcourir reste le même. 

Enfin je touche le fond, le fond de la vallée! Sauvé, il restera à suivre la rivière et dans une demi-heure, petite bière bien méritée! Tiens, bizarre ça remonte… Parce qu’il faudra passer un second col! Sur cette mini route qui laisse à peine assez d’espace pour que la moto et un camion puissent se croiser tout en s’éblouissant! 

Heureusement un 24 décembre sur une route andine perdue il n’ y a pas foule. Les étoiles sont superbes. Tu m’étonnes, les 2 seules lumières sont mon phare et mon imbécile de compteur journalier qui vient de passer en mode réserve. 

Je ne vois plus qu’en noir et jaune. Les 2 bandes jaunes de sable qui entourent la route et 2 bandes noires. L’une d’asphalte entre les 2 jaunes et l’autre une fois à gauche une fois à droite, le vide. Il reste 10km et toujours pas une lueur. Je pige pas ces virages en épingles, je commence à avoir l’impression d’avoir pris cinquante fois le même, il est 21h. 

Et là un petit plat, 2 rideaux de sapins, le col et les lumières du plan parfaitement rectangulaire de la ville! Victoire, y a plus qu’à se laisser descendre! 

Pour la petite histoire en fait une fois arrivé en bas le premier distributeur sera en rade et le second refusera ma carte… Clope, bière, canard en guise de repas de réveillon, hôtel et douche chaude, un sacré Noël!

Hugo Damiens en Amérique du Sud
Hugo Damiens en Amérique du Sud

Votre meilleur souvenir ? 

L’arrivée sur le salar d’Uyuni pendant sa période miroir. 

On a beau savoir que ça va être beau, ça reste incroyable. Et quelques galères en font un souvenir impérissable, qui se mérite. Nous avions décidé d’y arriver par le nord après être passés par un cratère de météorite ainsi qu’un mausolée pré-inca encore pourvu de ses momies. 

La piste qui y mène monte, serpente, et là au sommet d’une crête: le Salar. Immense, magnifique, un gigantesque miroir d’eau salée qui reflète le ciel et donne l’impression que les montagnes au loin sont en lévitation. On a l’impression que la Terre s’arrête ici et que s’étend devant nous une mer de nuages. 

En passant je remarque quelques troupeaux de Guanacos, sorte de lamas sauvages et décide de les prendre en chasse une ou deux minutes à travers les plaines. En s’imaginant la musique de Jurassic Park, ça prend toute sa saveur. 

C’est au moment de payer la visite des momies qu’on se rend compte que nous n’avons pas le compte. Pas de problème, on fait l’appoint avec quelques litres de notre réserve d’essence, pour ce qu’il reste de route nous n’en manquons pas. 

La traversée du Salar en cette saison est impossible mais je ne peux pas résister à l’envie d’essayer quand même. L’absence de repère visuel rend cela extrêmement impressionnant, si les suspensions ne me rappelaient pas que je suis en contact avec le sel je pourrais croire que je roule en apesanteur. Et c’est extrêmement flippant, j’ai le cœur qui bat à tout rompre. 

Hors de question de faire 140km dans ces conditions, on est d’accord: on fera le tour. Sur le retour la piste est plus boueuse et la moto patine… Il faut la pousser dans une boue grasse qui colle aux roues ainsi qu’à nos chaussures. Sans compter que l’altitude rend l’effort encore plus pénible, heureusement il est de courte durée. 

On en sort finalement, on roule quelques mètres et une ombre sur le coté attire l’œil… C’est la plaque d’immatriculation qui vient de se décrocher. Il y aura encore deux arrêts après ça : un pour ré-amarrer un de nos bidons de fortune et un autre parce qu’un fil métallique était tendu en travers de la piste! 

Le périple se termine finalement de nuit, nous sommes entourés par des orages qui rendent le spectacle encore plus grandiose! Avec une chance insolente, nous n’aurons même pas pris une seule goutte de pluie. Le souvenir de cette journée, un peu à l’image de la Bolivie, reste magnifique!

Hugo Damiens en Amérique du Sud
Hugo Damiens en Amérique du Sud

Quel est l’objet que vous avez emporté qui ne vous a jamais servi ? 

Le pisse-debout de ma copine! Mais nous voyagions extrêmement léger en achetant plutôt quand les besoins se présentaient que l’inverse. Et non, il n’y aura pas de photo illustrative de cette question…

Quel serait votre prochain road trip à moto ?  

Rien n’est encore sûr, surtout avec cette pandémie qui remet un peu tout en question. La moto attend au Brésil, j’aurais aimé la remonter en Colombie mais par la côte Atlantique cette fois peut-être en s’enfonçant plus dans l’Amazonie. Si j’ai fait une bonne partie du continent sud-américain le Brésil est tellement immense que ça en fait presque un continent en soi…

Sinon ce serait l’Afrique, dernier grand continent où je n’ai pas encore posé les roues. Mais celui-là je me le garde pour la fin. C’est lui que j’imagine encore en défi ultime et qui demandera probablement une véritable préparation pour une fois!

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Par : Hugo Damiens 
Crédits photos : Hugo Damiens

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